Élections départementales : les projets d’ascenseurs valléens font débat en Haute-Savoie
Ce dimanche 20 juin se déroulera le premier tour des élections départementales. En Haute-Savoie, le Conseil départemental, compétent en matière de transports, porte notamment le projet Funiflaine : un ascenseur valléen à 88 millions d’euros, qui suscite certaines critiques.
Le projet d’ascenseur valléen Funiflaine – Dossier de presse Funiflaine
Il est présenté comme l’avenir de la mobilité en montagne, le mode de transports le plus doux et durable : l’ascenseur valléen. Très présents depuis longtemps chez nos voisins suisses et autrichiens, ces télécabines ou téléphériques commencent seulement à se développer dans nos massifs. En Haute-Savoie, plusieurs projets sont en cours ou à l’étude. Le département porte notamment le projet Funiflaine.
Financé pour 25 millions d’euros par le département
C’est un projet de télécabine à 88 millions d’euros pour relier la vallée de l’Arve, depuis la commune de Magland, à la station de ski de Flaine, située à 1.600 m d’altitude dans le grand massif. Sur les 88 millions, le département de la Haute-Savoie en assume 25 millions, mettant en avant une réponse globale aux transports dans ce secteur avec 500.000 personnes transportées par an, et à l’inverse 85.000 voitures, 500 camions et 100 bus de moins sur la route.
« Pour Flaine, ce serait un apport énorme »
« Pour moi c’est une très bonne idée », estime Michel, chauffeur de taxi à Taninges. « On parle d’écologie, on parle de nature, c’est une aberration de monter des voitures là-haut, pour la station de Flaine, ce serait un apport énorme, car les gens, au lieu de monter sur Chamonix, ou Megève, ou Saint-Gervais, ce serait le raccourci, ce serait le plus près, une très grande station comme Flaine, aux portes de Genève ».
« C’est une remontée mécanique financée sur des deniers publics »
A l’inverse, et justement sur ce dernier argument du développement de la station de ski de Flaine, d’autres sont contre ce projet car ils y voient une remontée mécanique déguisée en transport public, à l’image de cet habitant de la station-village des Carroz qui ne sera pas desservie par la télécabine.
« En fait on va construire une remontée mécanique, on vend ça comme un transport public ouvert dix mois sur douze, avec la possibilité de descendre soit les enfants à l’école, de monter le fret, mais aujourd’hui, où il y a une grosse population qui pourrait l’utiliser, c’est au Carroz », estime-t-il.
Une suspicion que conteste Jean-Paul Constant le maire d’Arâches-la-Frasse, qui couvre les deux stations de Carroz et de Flaine. « Moi en tant que maire, ma vision à 20 ans, elle tourne autour du tourisme 4 saisons, mais pas que, elle tourne aussi autour du développement d’une économie tertiaire, elle tourne sur ce que j’appelle habiter la montagne, ne pas la consommer, mais l’habiter, et donc amener des gens, par de la mobilité douce, sur nos territoires de montagne ».
Objectif selon lui ? « Faciliter l’accès, faciliter la vie, pour que cette vision soit une vision d’ensemble, et qu’elle ne soit pas résumée, juste à un appareil, dont on essaye de trouver tous les petits maux pour essayer d’affaiblir cette logique de prospective à 20 ans », explique Jean-Paul Constant. Plus haut dans la vallée, inquiets de l’impact futur de Funiflaine sur leur fréquentation, les stations de Saint-Gervais et Morzine planchent elles-aussi sur leur projet d’ascenseur valléen.
Signature de la délégation de service public
Une nouvelle étape a été franchie le vendredi 11 juin dernier dans ce dossier : le syndicat mixte Funiflaine, composé des communes de Magland et Arâches-la-Frasse, ainsi que de la communauté de commune Cluses Arve et Montagnes, et du département de la Haute-Savoie, ont signé la délégation de service public pour la construction et l’exploitation de la future télécabine qui pourrait entrer en service en décembre 2025. C’est le groupement des quatre entreprises de la région (POMA, Compagnie des Alpes, ATMB et Crédit Agricole des Alpes) qui a obtenu cette délégation et investi 30 millions d’euros dans l’opération, le reste étant financé par les collectivités, la Région et l’Etat.